Des mois de travaux et un budget conséquent : l’église Saint-Barthélémy de Lamazière-Basse retrouvera d’ici l’automne une seconde jeunesse.
De loin, elle ressemblerait presque à une installation de Christo, emballée de blanc se détachant sur le paysage. De près, sous la bâche justement, l’église Saint-Barthélémy de Lamazière-Basse bruisse telle une fourmilière. Coups de marteau, ronflement de scie sauteuse, interpellations des ouvriers qui s’activent du sol au sommet de l’édifice… Depuis le début de l’année, elle fait l’objet d’un important chantier de restauration.
Il y avait urgence à se pencher à son chevet, explique le maire Jean-Pierre Delbègue
. Édifiée au XIIIe siècle, modifiée notamment au XVIIe siècle – « pas en mieux », glisse-t-il -, encore affaiblie par l’excavation du cimetière au début du XXe siècle, elle était fermée au public depuis une douzaine d’années. Trop dangereux.
Ça lâche en bas, ça pousse en haut et les murs sont mous, tout fluait. Stefan Manciulescu
(Architecte en chef des Bâtiments Historiques)
Telle la tour de Pise, toute sa structure penchait : la toiture de lauze trop lourde pesait sur la charpente, qui elle-même appuyait sur le clocher ; des fissures se creusaient, certains murs se désolidarisaient des soubassements. Les infiltrations d’eau gangrenaient l’ensemble.« Ça lâche en bas, ça pousse en haut et les murs sont mous, tout fluait », résume Stefan Manciulescu, architecte en chef des Bâtiments Historiques. Ce mardi après-midi, il mène la danse des artisans lors d’une visite de chantier appliqué et pointu.
Les deux niveaux du clocher peigne ont été démontés et remontés et scellés pour éviter toute infiltration d’eau.
Une à deux fois par mois, il vient faire le point sur ce chantier de 2,1 millions d’euros de budget – 400.000 € rien que pour l’échafaudage parapluie à la Christo -, qui vise une reprise de fond en comble de l ‘édifice romain. « Si on veut que ça reparte pour 150 ans, il faut y mettre les moyens », sourit le maire.
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Les quatre cloches – la plus grosse poids environ 600 kg, celle des mess basses s’appelle « Joséphine » – ont été descendues ; les niches qui les accueilleront de nouvelles retaillées au millimètre.
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600 m² de toiture en ardoisesLes quelque 600 m² de la toiture ont été démontés en lauze à lauze. Elles sont remplacées, rang après rang, clou en cuivre après clou en cuivre, par des ardoises d’Allassac ou Travassac de 8 mm d’épaisseur. Un défi sur un versant, « énorme » et rare, reconnaît l’architecte, de 14 mètres de long. « En moyenne, il y a en a 35 au m², calcule-t-il. Voyez comme c’est beau et costaud ! On dirait les écailles d’un poisson préhistorique géant. »
En moyenne, les couvreurs cloutent 35 ardoises au mètre carré.
La charpente a été entièrement mise à nu jusqu’au plafond de la nef. « Au sommet, elle se décalait d’une travée, note l’architecte. Il a dû lui redonner une bonne assise grâce à des assemblages en bois assez savants, en chêne, chevillés. Tout a été refait à l’identique. On a même repris les marques symboliques faites par les ouvriers à l’origine. »
À l’intérieur, le vitrail de la chapelle sud a été démis, des peintures murales déposées ; elles seront réinstallées sur les murs redressés. Deux voûtes ont été sécurisées, ainsi que la tribune.
Surtout, le clocher peigne a été démonté « de 8 mètres, précise Stefan Manciulescu. C’est énorme ! Plus des deux niveaux de la façade ont été démontés. À certains endroits, il y avait 50 à 60 cm de jeu », mime-t-il. Chaque bloc de schiste déposé, numéroté, stocké avant d’être remonté précisément « avec un mortier de terre et quelques graines de chaux ».
95 tonnes de schiste
« Ils ont fait du Lego, sauf que certaines pièces étaient trop usées et qu’ils en ont achetés de nouvelles », décrit Jean-Marc Soulier, 1er adjoint en charge des travaux.
Plus des deux niveaux de la façade ont été démontés. À certains endroits, il y avait 50 à 60 cm de jeu. Stefan Manciulescu
(Architecte en chef des Bâtiments historiques)Près de 95 tonnes de pierre ont ainsi été manipulées ou remplacées par des pierres de la brèche du Cantal ou – 13 m³ environ – récupérées dans trois « bouts de grange » achetés spécialement dans les environs. Le claveau pour le cintre des cloches, lui, a été récupéré dans l’ancien domaine du château. Le tout lié avec « un mortier traditionnel, mais avec moins de terre. Dans la région, on le trouve beaucoup. »
Les blocs de schiste (comme la croix sommitale) ont été démontés ou récupérés dans les alentours et retravaillés pour s’adapter parfaitement à la nouvelle maçonnerie.
« On a réalisé un gros travail de fond sur les structures, résumé Stefan Manciulescu. La maçonnerie est finie à 90 %. Il reste encore à reprendre les soubassements, c’est-à-dire à stabiliser les pieds de l’édifice. Aujourd’hui, on peut aller partout, dans tous les combles, alors qu’on ne pouvait même plus s’approcher des cloches. »
La fin des travaux est attendue pour fin mai-début juin, l’inauguration prévue en octobre. « Ce serait bien qu’elle soit rouverte au public, avance Jean-Pierre Delbègue, pour le culte, mais aussi des concerts, des animations culturelles. »
Elle abrite un riche mobilier classé aux Monuments historiques, une chaise particulièrement offerte par Louis XIV à sa maîtresse la marquise de Fontanges, châtelaine de Lamazière).
« On est beaucoup aidé », apprécie le maire. Notamment par la DRAC (40 %), le Département (120.000 €), la Région (330.000 €), la Fondation du Patrimoine (200.000 €), une campagne participative de dons (35.000 €) ; reste 270.000 € à la charge de la commune. Énorme, comparé à quelque 70.000 € d’investissement fléchés dans le budget de la commune.
Une campagne de financement participatif portée par la Fondation du Patrimoine est en cours : sur le site www.fondation-patrimoine.org/43350 ou par chèque déposé à la mairie, à l’ordre de la Fondation du patrimoine. En marge du chantier de restaurationHirondelles.
En partenariat avec le lycée agricole de Neuvic, une trentaine de nids ont été installées sur l’échafaudage pour assurer le nichage des hirondelles des fenêtres et des martinets habitués à s’installer sur l’église… et qui ont finalement trouvé refuge sur la mairie et les maisons voisines. Les étudiants de BTS cartographient ces populations et en feront un rendu pédagogique. Des nids ont été installés provisoirement pour ne pas perturber les nombreux oiseaux qui nichent sur l’église.
Charbon.
Un bloc de charbon a été retrouvé dans un mur de l’église. Analysé au Carbone 14, il a permis de confirmer sa date d’édification, entre les XIIIe et XIVe siècles.
Du côté de la sacristie, les maçons ont également découvert un ancien escalier à vis. Où menait-il, le mystère reste entier.Une saison exceptionnelle pour le Pays d’art et d’histoire de haute Corrèze pour fêter ses dix ans au service du patrimoine
Pédagogique.
Ce chantier d’envergure, la commune entend le partager avec le plus grand nombre. Ainsi, des étudiants du CFA bâtiment de Bort-les-Orgues et de Tulle, et du lycée des métiers du bâtiment de Felletin ont réalisé de visites commentées du chantier. Avec le Pays d’art et d’histoire des hautes terres corréziennes et de Ventadour et Haute-Corrèze Communauté, dans le cadre du Contrat de territoire éducation artistique et culturelle, les écoliers de Lamazière-Basse, Palisse, Soursac et Neuvic, de la petite section au CM2, travaille sur l’art du vitrail. Ils réalisent notamment une installation scénographique ouverte au public, avec une improvisation dansée.
Blandine Hutin MercierPhotos Agnès Gaudin
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